La maltraitance invisible : les négligences
d'après The Science Of Neglect, indevelopingchild.harvard.edu
Dans la famille des négligences, l'absence de réaction des parents à l'attitude émotionnelle de leur enfant peut apparaitre comme bénigne. Quel est le mal à laisser pleurer son enfant ? Et bien simplement parce que pour un enfant, la perception d'une non réponse est l'équivalent d'une menace pour leur survie. Cette menace active chez lui/elle les systèmes biologiques de réponse au stress, et une activation excessive de cette réponse a un effet toxique sur le développement des circuits neuronaux.
Ceci est dû au fait que d'un point de vue neurodéveloppemental, les enfants ne possèdent pas des circuits d'autorégulation émotionnelles qui sont nécessaires à l'apaisement et la régulation. Les enfants n'ont pas le choix : ils ont besoin d'un(e) autre, d'un(e) référent de sécurité qui répond à leur détresse. A terme, cette réponse va les aider à construire cette aptitude à l'autorégulation. Ces réponses précoces et répétées vont être le socle d'une meilleur santé, physique et mentale, tout au long de la vie à venir.
D'autres négligences chroniques produisent un panel plus large de dommages que les violences actives et visibles. Et parce qu'elles sont plus silencieuses et cachées, elles reçoivent généralement moins d'attention. Certaines études nous ont pourtant appris que les enfants qui recevaient peu d'intérêt et de réaction de la part de leurs parents ou référents éducatifs, connaissent des problèmes de santé physique et mentale qui produisent des déficiences développementales plus étendues que les violences physiques.
Ces déficiences incluent des retards cognitifs, des retards de croissance, des troubles des fonctions exécutives et des capacités d'auto-régulation, et des perturbations de la réponse au stress du corps (système nerveux). Avec près d'un demi million de cas répertoriés aux USA en 2010, les négligences représenteraient 78% des maltraitances, bien plus que les violences physiques (17%), sexuelles (9%) et psychologiques (8%) combinées.
Les privations ou négligences produisent :
- Des perturbations dans le développement du cerveau et comment il traite les informations, créant une augmentation de troubles du comportement, cognitifs, émotionnels et attentionnels.
- Elles altèrent le développement des systèmes de réponse au stress, augmentant le risque d'anxiété, de dépression, de problèmes cardiovasculaires et de santé chronique dans leur vie futur.
- Un risque significatif pour les difficultés émotionnelles et interpersonnelles, incluant de hauts niveaux de négativité, un faible contrôle des impulsions, des troubles de la personnalité, ainsi que de faibles niveaux d'enthousiasme, de confiance et d'assertivité.
- Un risque signifiant de développer des difficultés d'apprentissage et de faibles réussites scolaires, incluant des troubles des fonctions exécutives, de faibles régulations de l'attention, de faibles QI et de faibles niveaux scolaires.
Par Julien Baillet 2023
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